« L’étoile du Tarn » est le surnom qu’il s’est choisi. Principal suspect dans l’affaire liée à la disparition de sa femme dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Cédric Jubillard est loin d’être à la hauteur. Dans les semaines qui ont précédé sa mise en accusation, Séverine a partagé son quotidien. Malgré leur proximité, elle ne sait toujours pas si l’ancien casting de 34 ans est “soit complètement stupide, soit extrêmement intelligent”. Portrait d’une énigme. Son indignation, son détachement, la grandeur avec laquelle il s’est moqué de moi m’ont d’abord sérieusement choqué”, raconte Séverine, 45 ans. Séverine a vécu deux mois dans l’intimité de Cédric Jubillar, de mi-avril à mi-juin 2021. Delphine avait disparu quatre mois plus tôt. Pourtant, Cédric Jubillar a déjà vécu deux autres aventures. “Je pensais qu’il avait oublié très vite”, poursuit-elle. Séverine rêverait de devenir “psychologue ou psychologue”, comme dans la série télévisée. Mère de deux fils issus de syndicats différents, elle travaillait dans la lingerie du service psychiatrique de l’hôpital d’Albi. “J’aime le monde fou”, dit-elle de sa voix grave, étouffée par la vie et les hommes “décevants”. Lire aussi : Affaire Delphine Jubillar : le double jeu du mari trompé Qu’est-ce qui vient après cette annonce ? Drôle, cash, délinquante, “comme Cédric”, la tête bien appuyée sur les épaules, elle a son petit côté fou. « J’aime être utile. “Pendant ces deux mois de vie commune, elle s’est constamment remise en question, essayant d’analyser le personnage. Coupable, pas coupable ? « Je suis passé du doute à la certitude et vice versa. J’étais à l’aise avec lui sans l’être complètement. Parfois, je me demandais : « Et s’il me poignardait au milieu de la nuit ? Et si sa femme réapparaissait soudainement à la maison ? Tout a commencé après une découverte de Séverine. En rémission d’un cancer du sein, elle participe occasionnellement à des chasses à courre, à la recherche d’indices avec son fils aîné qui, adolescent, a vaguement connu Cédric Jubillar. Ils croient tous les deux qu’il est innocent. La suite après cette pub” En m’exhibant avec lui, j’ai tout eu : alcoolique, drogué, cannibale… Tu dois avoir les nerfs ” En avril 2021, ils trouvent un pull enfoui sous terre. Des morceaux de vieux tissu avec des trous qui dépassent. Séverin prévient les gendarmes : « Ils se sont présentés à quatre heures. » Il envoie ensuite la photo du pull à Cédric Jubillar, à qui il a envoyé un message de sympathie et de soutien sur Messenger juste avant. Le pull ne lui dit rien. « Je l’ai invité à manger à la maison avec mon fils et mes amis. Il est resté endormi à cause du confinement. Notre histoire a commencé à partir de là. Nous avons bien fait. » Lire aussi : Cédric Jubillar confronte les souvenirs de son fils de sept ans, Louis – Exclusif Ce qui vient après cette annonce Ce qui vient après cette annonce Séverine évitera de parler de Delphine Jubillard à sa compagne. « Un jour pourtant, je lui ai lancé : ‘Dis-moi ce que tu as fait de ta femme…’ Il m’a répondu en bavardant, très sérieusement : ‘Je l’ai enterrée dans la ferme qui a brûlé !’ [La grange d’un corps de ferme proche du domicile des époux Jubillar, à Cagnac-les-Mines, a pris feu le 15 avril 2021.] « Tu me fais chier, Cédric ! Tu me fais douter. Et c’est toi qui a mis le feu ? – Oui !” répond-il avec assurance. “C’est l’enquête qui l’a disculpé en montrant qu’il a été détenu, ce jour-là, sur un chantier très loin…” Je lui ai aussi demandé pourquoi il avait appelé les gendarmes si vite, juste vingt minutes après sa disparition, sa femme : “Je me suis levé à 6 heures pour aller travailler, je m’en foutais”. Sa réponse était si naturelle… Est-ce que quelqu’un dirait coupable ?” Farniente dans le parc, un jour du printemps 2021, quelques mois après la mystérieuse disparition de Delphine. ©DR Séverine commence à comprendre cet homme qui est décrit par un psychiatre spécialiste comme « correspondant stimulant, immature, régressif, aux expressions verbales très crues ». “Il a construit une coquille pour se défendre du monde extérieur”, dit-elle. Son caractère le protège. Il ne cache rien. Il lui disait souvent, parlant notamment des gendarmes : « Ils me prennent pour un con, ils veulent jouer, alors allons jouer. Il pense que “la médiatisation de l’affaire lui est un peu montée à la tête” et se souvient de ce selfie, les deux s’enlaçant. Il a dit : « Mets-le sur ton profil ! “Il suggère de le mettre tout seul:” Si vous avez les couilles. Immédiatement, il le fait. Ce selfie va provoquer un petit scandale à Cagnac-les-Mines et embraser les réseaux. « Je l’ai poussé à l’extrême : malsain, alcoolique, drogué, mangeur d’hommes. La méchanceté des gens… Vous devez avoir les nerfs ! » “ Sous ses airs majestueux, je l’ai vu beaucoup pleurer. Il cherchait des explications ” Mais rien ne semble arrêter Séverin. Il rencontre, en pleine enquête, un homme considéré comme le principal suspect. “Le tueur idéal”, a-t-il dit plus tard de lui-même. Le téléphone de Séverin sonne. Les gendarmes suivent ses déplacements et ceux qu’elle fait avec son compagnon. Lui, seulement s’il ne les frappe pas dans le nez. Un après-midi, ils prennent l’air au bord du lac d’Homps, à Cagnac. La voiture de Séverine est garée sur l’herbe et le parking est à 20m. loin. Un gendarme lui demande de le déplacer, puis le jette sur Cédric Jubular qui, allongé au soleil, rigole : « Quand on t’attrapera, tu seras moins malin. Au psychiatre habilité à l’évaluer, Cédric Jubillar rappellera aussi son côté enfantin, rappelant cette phrase de la “dame”, comme, d’un ton acerbe devant le spécialiste, il appelle sa femme : “Tu as encore 5 ans ou quoi ; » Balade printanière en 2021. L’expérience psychologique de Jubillar montre un homme « égocentrique et jamais déstabilisé ». Sa prochaine audience est prévue le 23 septembre © DR Une semaine sur deux, lorsqu’elle n’a pas la garde de son fils cadet, Séverine s’installe à Cagnac. Cédric Jubillar a proposé d’aménager une chambre pour son fils. Elle refuse. Il se lève tôt pour aller travailler et rentre à la maison en fin d’après-midi. Enfin, il a commencé à ranger un peu le jardin, un travail indescriptible. “Il ne savait pas par quel bout le prendre”, sourit Séverine, qui va beaucoup nettoyer l’intérieur de la maison : “Ah ! ça, je brique ! Le matin, il conduit Elyah, la fille de Jubillar, 18 mois, à la garderie puis Louis, l’aîné, 7 ans, à l’école. La nuit, Cédric Jubillar joue avec eux et vérifie les devoirs de son fils. « Il pouvait être adorable avec lui, raconte Séverine, puis s’impatienter d’un coup, s’énerver assez, par exemple, à cause d’un mauvais poème. Bloquez l’enfant. Puis je l’ai emmené dans un coin à part, nous avons étudié ensemble, tranquillement, et bientôt il connaissait sa poésie, la récitait fièrement à son père halluciné : « C’est bien, mon amour. J’ai répété à Cédric qu’il était inutile de l’appeler. Aux dires de tout le monde, Cédric Jubillar est tellement fait, charmant et, du coup, flippant. “En colère mais aussi vite séduisant”, écrit le psychiatre. Esquisse que Séverine résume en un mot : “sympa”. Ces deux-là se sont trouvés mais se battent aussi. Une photo de Delphine postée sur Facebook en septembre 2020. © DR “Je sais, je suis un abruti”, avoue-t-il parfois, comme le rapporte Ronan Folgoas, grand reporter au “Parisien”, dans son livre sur l’affaire, “Le Mystère Jubillar”, dans Studiofact. Le jour de son mariage, écrit-il, Cédric glisse un membre de la famille de sa femme : « Maintenant que je suis marié, j’aurai du temps devant moi pour mes petites affaires… et un peu de plaisir ! Son interlocuteur le trouve assez “tordu”. Autre anecdote : en 2018, Jubillard était l’un des vendeurs de billets pour une tombola à l’école de Cagnac. Il détient le record de billetterie mais “son revers, son ton parfois agressif et menaçant” choque. Comme aujourd’hui en 2019, où il était cette fois affecté au stand saucisses-merguez-frites du vide-grenier du village. Il brandit le gobbler dans son bec, disant à ceux qui attendent et désireux d’”aller ailleurs”. Enfin, lors des élections municipales de mars 2020, dans l’uniforme rouge des bandits de la série « La casa de papel », il s’est présenté au bureau de vote de Cagnac, portant un masque à gaz. “Juste un délire”, a-t-il confié à Ronan Folgoas. “ Parfois, je me demandais : « Et s’il me quittait au milieu de la nuit ? ” Pendant la semaine où Séverine garde son fils cadet, Cédric Jubillar s’installe chez elle, en sortant…


title: " J Tais Le Partenaire De C Dric Jubillar Klmat" ShowToc: true date: “2022-12-01” author: “Beverly Oyler”


« L’étoile du Tarn » est le surnom qu’il s’est choisi. Principal suspect dans l’affaire liée à la disparition de sa femme dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Cédric Jubillard est loin d’être à la hauteur. Dans les semaines qui ont précédé sa mise en accusation, Séverine a partagé son quotidien. Malgré leur proximité, elle ne sait toujours pas si l’ancien casting de 34 ans est “soit complètement stupide, soit extrêmement intelligent”. Portrait d’une énigme. Son indignation, son détachement, la grandeur avec laquelle il s’est moqué de moi m’ont d’abord sérieusement choqué”, raconte Séverine, 45 ans. Séverine a vécu deux mois dans l’intimité de Cédric Jubillar, de mi-avril à mi-juin 2021. Delphine avait disparu quatre mois plus tôt. Pourtant, Cédric Jubillar a déjà vécu deux autres aventures. “Je pensais qu’il avait oublié très vite”, poursuit-elle. Séverine rêverait de devenir “psychologue ou psychologue”, comme dans la série télévisée. Mère de deux fils issus de syndicats différents, elle travaillait dans la lingerie du service psychiatrique de l’hôpital d’Albi. “J’aime le monde fou”, dit-elle de sa voix grave, étouffée par la vie et les hommes “décevants”. Lire aussi : Affaire Delphine Jubillar : le double jeu du mari trompé Qu’est-ce qui vient après cette annonce ? Drôle, cash, délinquante, “comme Cédric”, la tête bien appuyée sur les épaules, elle a son petit côté fou. « J’aime être utile. “Pendant ces deux mois de vie commune, elle s’est constamment remise en question, essayant d’analyser le personnage. Coupable, pas coupable ? « Je suis passé du doute à la certitude et vice versa. J’étais à l’aise avec lui sans l’être complètement. Parfois, je me demandais : « Et s’il me poignardait au milieu de la nuit ? Et si sa femme réapparaissait soudainement à la maison ? Tout a commencé après une découverte de Séverine. En rémission d’un cancer du sein, elle participe occasionnellement à des chasses à courre, à la recherche d’indices avec son fils aîné qui, adolescent, a vaguement connu Cédric Jubillar. Ils croient tous les deux qu’il est innocent. La suite après cette pub” En m’exhibant avec lui, j’ai tout eu : alcoolique, drogué, cannibale… Tu dois avoir les nerfs ” En avril 2021, ils trouvent un pull enfoui sous terre. Des morceaux de vieux tissu avec des trous qui dépassent. Séverin prévient les gendarmes : « Ils se sont présentés à quatre heures. » Il envoie ensuite la photo du pull à Cédric Jubillar, à qui il a envoyé un message de sympathie et de soutien sur Messenger juste avant. Le pull ne lui dit rien. « Je l’ai invité à manger à la maison avec mon fils et mes amis. Il est resté endormi à cause du confinement. Notre histoire a commencé à partir de là. Nous avons bien fait. » Lire aussi : Cédric Jubillar confronte les souvenirs de son fils de sept ans, Louis – Exclusif Ce qui vient après cette annonce Ce qui vient après cette annonce Séverine évitera de parler de Delphine Jubillard à sa compagne. « Un jour pourtant, je lui ai lancé : ‘Dis-moi ce que tu as fait de ta femme…’ Il m’a répondu en bavardant, très sérieusement : ‘Je l’ai enterrée dans la ferme qui a brûlé !’ [La grange d’un corps de ferme proche du domicile des époux Jubillar, à Cagnac-les-Mines, a pris feu le 15 avril 2021.] « Tu me fais chier, Cédric ! Tu me fais douter. Et c’est toi qui a mis le feu ? – Oui !” répond-il avec assurance. “C’est l’enquête qui l’a disculpé en montrant qu’il a été détenu, ce jour-là, sur un chantier très loin…” Je lui ai aussi demandé pourquoi il avait appelé les gendarmes si vite, juste vingt minutes après sa disparition, sa femme : “Je me suis levé à 6 heures pour aller travailler, je m’en foutais”. Sa réponse était si naturelle… Est-ce que quelqu’un dirait coupable ?” Farniente dans le parc, un jour du printemps 2021, quelques mois après la mystérieuse disparition de Delphine. ©DR Séverine commence à comprendre cet homme qui est décrit par un psychiatre spécialiste comme « correspondant stimulant, immature, régressif, aux expressions verbales très crues ». “Il a construit une coquille pour se défendre du monde extérieur”, dit-elle. Son caractère le protège. Il ne cache rien. Il lui disait souvent, parlant notamment des gendarmes : « Ils me prennent pour un con, ils veulent jouer, alors allons jouer. Il pense que “la médiatisation de l’affaire lui est un peu montée à la tête” et se souvient de ce selfie, les deux s’enlaçant. Il a dit : « Mets-le sur ton profil ! “Il suggère de le mettre tout seul:” Si vous avez les couilles. Immédiatement, il le fait. Ce selfie va provoquer un petit scandale à Cagnac-les-Mines et embraser les réseaux. « Je l’ai poussé à l’extrême : malsain, alcoolique, drogué, mangeur d’hommes. La méchanceté des gens… Vous devez avoir les nerfs ! » “ Sous ses airs majestueux, je l’ai vu beaucoup pleurer. Il cherchait des explications ” Mais rien ne semble arrêter Séverin. Il rencontre, en pleine enquête, un homme considéré comme le principal suspect. “Le tueur idéal”, a-t-il dit plus tard de lui-même. Le téléphone de Séverin sonne. Les gendarmes suivent ses déplacements et ceux qu’elle fait avec son compagnon. Lui, seulement s’il ne les frappe pas dans le nez. Un après-midi, ils prennent l’air au bord du lac d’Homps, à Cagnac. La voiture de Séverine est garée sur l’herbe et le parking est à 20m. loin. Un gendarme lui demande de le déplacer, puis le jette sur Cédric Jubular qui, allongé au soleil, rigole : « Quand on t’attrapera, tu seras moins malin. Au psychiatre habilité à l’évaluer, Cédric Jubillar rappellera aussi son côté enfantin, rappelant cette phrase de la “dame”, comme, d’un ton acerbe devant le spécialiste, il appelle sa femme : “Tu as encore 5 ans ou quoi ; » Balade printanière en 2021. L’expérience psychologique de Jubillar montre un homme « égocentrique et jamais déstabilisé ». Sa prochaine audience est prévue le 23 septembre © DR Une semaine sur deux, lorsqu’elle n’a pas la garde de son fils cadet, Séverine s’installe à Cagnac. Cédric Jubillar a proposé d’aménager une chambre pour son fils. Elle refuse. Il se lève tôt pour aller travailler et rentre à la maison en fin d’après-midi. Enfin, il a commencé à ranger un peu le jardin, un travail indescriptible. “Il ne savait pas par quel bout le prendre”, sourit Séverine, qui va beaucoup nettoyer l’intérieur de la maison : “Ah ! ça, je brique ! Le matin, il conduit Elyah, la fille de Jubillar, 18 mois, à la garderie puis Louis, l’aîné, 7 ans, à l’école. La nuit, Cédric Jubillar joue avec eux et vérifie les devoirs de son fils. « Il pouvait être adorable avec lui, raconte Séverine, puis s’impatienter d’un coup, s’énerver assez, par exemple, à cause d’un mauvais poème. Bloquez l’enfant. Puis je l’ai emmené dans un coin à part, nous avons étudié ensemble, tranquillement, et bientôt il connaissait sa poésie, la récitait fièrement à son père halluciné : « C’est bien, mon amour. J’ai répété à Cédric qu’il était inutile de l’appeler. Aux dires de tout le monde, Cédric Jubillar est tellement fait, charmant et, du coup, flippant. “En colère mais aussi vite séduisant”, écrit le psychiatre. Esquisse que Séverine résume en un mot : “sympa”. Ces deux-là se sont trouvés mais se battent aussi. Une photo de Delphine postée sur Facebook en septembre 2020. © DR “Je sais, je suis un abruti”, avoue-t-il parfois, comme le rapporte Ronan Folgoas, grand reporter au “Parisien”, dans son livre sur l’affaire, “Le Mystère Jubillar”, dans Studiofact. Le jour de son mariage, écrit-il, Cédric glisse un membre de la famille de sa femme : « Maintenant que je suis marié, j’aurai du temps devant moi pour mes petites affaires… et un peu de plaisir ! Son interlocuteur le trouve assez “tordu”. Autre anecdote : en 2018, Jubillard était l’un des vendeurs de billets pour une tombola à l’école de Cagnac. Il détient le record de billetterie mais “son revers, son ton parfois agressif et menaçant” choque. Comme aujourd’hui en 2019, où il était cette fois affecté au stand saucisses-merguez-frites du vide-grenier du village. Il brandit le gobbler dans son bec, disant à ceux qui attendent et désireux d’”aller ailleurs”. Enfin, lors des élections municipales de mars 2020, dans l’uniforme rouge des bandits de la série « La casa de papel », il s’est présenté au bureau de vote de Cagnac, portant un masque à gaz. “Juste un délire”, a-t-il confié à Ronan Folgoas. “ Parfois, je me demandais : « Et s’il me quittait au milieu de la nuit ? ” Pendant la semaine où Séverine garde son fils cadet, Cédric Jubillar s’installe chez elle, en sortant…