Sa mère, Véronique Lyon. Son frère, Michaël Pellegrini. Ses grands-parents, Christiane et François Locatelli. Et les beaux-parents de sa mère, Giselle et Germaine Lyon. Pour eux, Cindy Pellegrini viendra de Lorraine témoigner, lors du procès qui débute à Paris lundi. Il est vice-président de l’association Mémorial des Anges, présidée par la Promenade des Anges. Elle viendra raconter son drame personnel, emblématique de l’attentat du 14 juillet. Comment vous sentez-vous à l’approche du test ? C’est un moment que je redoute beaucoup. Forcément on en reparlera dans les médias, on entendra des choses qui vont raviver la douleur… Il faut s’en sortir. Mais je sais que ce sera très difficile de vivre avec lui. Pendant six ans, j’ai été sur des montagnes russes. C’est pourquoi j’ai longtemps hésité à témoigner. Qu’attendez-vous de cette épreuve ? Je m’attends à ce que les accusés reçoivent le maximum légalement autorisé. L’objectif est d’accepter l’appellation de terrorisme. Il est très important. Nous voulons que justice soit faite. Même si nous savons que cela ne les ramènera pas. Sera-t-il difficile de séparer l’enquête antiterroriste de celle liée à la sécurité de la danse ? Je fais une fine distinction entre les deux. Pour moi, l’attaque est née de deux choses : le manque de sécurité cette nuit-là, indéniable, et l’intention d’une attaque terroriste. L’un ne va pas sans l’autre. Les victimes ne veulent absolument pas que la responsabilité de la ville de Nice ou de l’Etat soit occultée. Pour moi, il doit y avoir deux tests. Qu’attendez-vous de l’accusé ? J’espère qu’ils se rendent compte du mal qu’ils ont fait autour d’eux. C’est pourquoi nous allons témoigner. Je veux leur dire qu’ils ont détruit une famille entière, leur dire qui ils étaient. Vous avez peur de venir témoigner ? J’en ai peur, oui. Je le vois comme un hommage au défunt, à mes proches, à ma famille. Je veux informer les juges que ce que nous avons vécu était un acte de guerre. La perte de six membres de la famille se produit dans des pays en guerre. Nous aussi, nous l’avons vécu en France, un soir de fête nationale ! Cette étape peut-elle aider votre reconstruction? Cela ne va pas m’aider à me reconstruire. Je sais que cela n’arrivera jamais. Nous savons que nous devrons toujours vivre avec. Cette épreuve permet-elle de conserver la mémoire de ce drame ? Étant loin de Nice, cela m’attriste parfois de voir qu’on en parle beaucoup moins qu’à la maison. On se dit que les gens sont passés à autre chose, alors que nous vivrons toujours avec ce drame. Je n’étais pas là ce soir-là. Au début, je ne voyais pas trop ce que je pouvais apporter au procès. En fait, je me suis rendu compte qu’il fallait raconter notre drame pour montrer l’ampleur de ce drame. Informez les juges des effets dévastateurs sur la vie de ceux qui sont morts, ainsi que ceux qui restent. Le faites-vous également par le biais d’associations de victimes ? Oui, je suis toujours vice-président du Mémorial des Anges, un monument qui sera malheureusement installé à Paris. Nous sommes très déçus que ce ne soit pas à Nice, d’où l’idée est venue. La Municipalité ne nous a pas beaucoup soutenus. Nous sommes toujours ravis que ce projet aboutisse et nous sommes fiers d’avoir pu faire quelque chose pour nos proches. Le recul peut-il laisser en blanc ? Je comprends le verdict. Je ne voudrais pas revenir en arrière. Après V13 [le procès des attentats du 13-Novembre, ndlr], j’ai été dégoûté que les soi-disant victimes aient dit qu’elles étaient soulagées que les petites mains aient été réunies avec leurs familles cette nuit-là. J’espère ne pas entendre ce genre de réaction, et il n’y a pas d’acquittement ! Parce que cette nuit-là, ils m’ont aussi enlevé la vie.