“Il n’y a pas de place pour la violence politique”, a déclaré jeudi 1er septembre Joe Biden à Philadelphie dans un discours inhabituellement agressif, très clairement dirigé contre Donald Trump. Pour le président américain, son prédécesseur « et les républicains MAGA [pour « Make America Great Again » (« rendre à l’Amérique sa grandeur »), l’un des slogans de Donald Trump] ils représentent un extrémisme qui menace les fondements mêmes de notre République. “L’égalité et la démocratie sont attaquées” aux États-Unis en ce moment, a également averti le démocrate dans une rare allocution aux heures de grande écoute à ses compatriotes.
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Derrière, tout illuminé dans le ciel nocturne, se trouve Independence Hall, le bâtiment en briques rouges où la déclaration d’indépendance et la constitution américaine ont été adoptées. C’est également à Philadelphie que Joe Biden a organisé son premier rassemblement en tant que candidat à la présidentielle. Le chef de l’État de 79 ans sait que la Pennsylvanie, l’État d’origine de Philadelphie, pourrait détenir la clé des élections au Congrès de novembre. Et donc le reste de son mandat.
Les représentants de la droite radicale « applaudissent l’indignation. Ils se nourrissent du chaos. Ils ne vivent pas dans la lumière de la vérité mais dans l’ombre d’un mensonge”, a encore crié Joe Biden, qui veut mobiliser l’électorat démocrate et convaincre les indécis. L’ancien président, et ceux qui souscrivent à son idéologie, “ne respectent pas la Constitution. Ils ne croient pas à l’État de droit. Ils ne reconnaissent pas la volonté du peuple”, a poursuivi le démocrate.
Une bataille pour l’âme de l’Amérique
Joe Biden “ne recule jamais lorsqu’il s’agit de parler de son prédécesseur (…) mais il ne s’agit pas de parler de l’ancien président”, avait assuré peu avant sa porte-parole, Karine Jean-Pierre, lors de son point de presse quotidien. Et il s’agira aussi d’être « optimiste », a-t-il ajouté, expliquant : « Quand on parle d’extrémisme, il ne s’agit que d’une toute petite partie de la population américaine. » Joe Biden veut, plus largement, parler de la “bataille” qui va être livrée pour “l’âme de l’Amérique”, un refrain qu’il avait déjà claironné dans sa campagne. Une fois élu, ce vétéran politique avait fait le pari que la « bataille » passerait par le dialogue avec les élus conservateurs de bonne volonté et les réformes pro-classes moyennes. Mais le grand air de la réconciliation s’est tu. Chaque sondage favorable encourage Joe Biden à lâcher prise, qui a récemment accusé les partisans de Donald Trump d’adhérer à une idéologie de “semi-fascisme”. Le terme a provoqué la colère du camp conservateur, qui accuse le président de fomenter la division. Kevin McCarthy, le candidat républicain à la recherche de la direction populaire de la Chambre, a accusé jeudi Joe Biden de “diaboliser” “des dizaines de millions d’Américains travailleurs et respectueux des lois”. »
Les démocrates montent dans les sondages
Si les élections de mi-mandat avaient lieu aujourd’hui, 47% des électeurs voteraient démocrate et 44% républicain, selon un sondage publié jeudi par le Wall Street Journal. La droite avait encore 5 points d’avance en mars.
Les démocrates se mettent ainsi à rêver d’un exploit lors de cette élection qui renouvelle la totalité de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, et qui est traditionnellement défavorable au parti représenté à la Maison Blanche.
L’inflation s’est calmée, tandis que Joe Biden a fait passer une série de réformes et a annoncé la mort du chef d’Al-Qaïda lors d’une frappe américaine. De quoi freiner deux axes clés de la campagne républicaine : la défense du pouvoir d’achat et les capacités du plus vieux président jamais élu aux Etats-Unis.
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Plusieurs sondages montrent une montée en puissance des enjeux qui favorisent les démocrates, par exemple la défense du droit à l’avortement et des acquis sociaux, face aux républicains désormais perçus comme réactionnaires par une partie de l’électorat. Il y a aussi des inquiétudes sur la démocratie et le rejet de la violence politique, des inquiétudes qui finissent toujours par tourner autour de Donald Trump.
Le Parti démocrate, s’il perd la Chambre des représentants, espère conserver sa majorité au Sénat, ce qui signifie qu’il gagnera la Pennsylvanie. Joe Biden était déjà là mardi et y sera de retour lundi. Donald Trump se rendra dans cet État samedi.
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Le monde avec l’AFP