Même lieu, même décor, mais un ton très différent dans le contexte de la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron est revenu, jeudi 1er septembre, à l’Elysée, avec la conférence instituée des ambassadeurs. En 2020 et 2021, la réunion diplomatique de rentrée à Paris a été annulée en raison de la pandémie de Covid-19. Quant à la dernière édition, fin août 2019, elle avait vu le chef de l’Etat critiquer “l’Etat profond” qui, selon lui, était composé de diplomates troublés par sa politique de rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine.
Quelques jours avant la rencontre, M. Macron avait reçu le président russe dans sa résidence d’été du fort de Brégançon (Var) et justifié le rapprochement avec Moscou. “La Russie est une grande puissance des Lumières. (…) Elle a sa place dans l’Europe des valeurs en laquelle nous croyons”, considérait-il à l’époque. Dans son esprit, il s’agissait d’une révision de l’ordre sécuritaire européen, tout en cherchant à empêcher l’émergence d’un axe russo-chinois.
Critiqué dans une partie de l’Europe, le dialogue entamé à Brégançon est ensuite resté lettre morte, bien avant le déclenchement des hostilités en Ukraine. Cela n’a pas empêché la Russie de chercher à empoisonner son rival Alexei Navalny. Ni de remettre en cause, entre autres, l’engagement de la France au Sahel, malgré les avertissements de Paris de ne pas envoyer de mercenaires russes au Mali. La guerre en Ukraine, enlisée plus de six mois après le début de l’invasion russe, a brisé les dernières illusions du chef de l’Etat. Trois ans plus tard, “l’esprit de Brégançon” est définitivement enterré.
Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Après six mois de guerre en Ukraine, Kyiv relève le défi de la reconquête
Incapable de faire la médiation entre Kiev et Moscou, Emmanuel Macron, pendant les conflits, a été contraint de revoir sa doctrine vis-à-vis de la Russie. “Il faut se préparer à une longue guerre”, a-t-il lancé jeudi 1er septembre, cherchant à remobiliser les diplomates pour faire face à une crise qui ébranle la sécurité de tout le continent. Fin juin, lors du sommet du G7, le chef de l’Etat espérait encore que le conflit se terminerait avant l’hiver et la fin de l’année. “M. Macron a été contraint de mettre à jour son logiciel, ce qu’il fait sous la pression des événements, souvent au minimum et avec ses propres défenses”, a déclaré un ancien diplomate.
Plus apte à la médiation
Ainsi, il n’est plus question de demander aux puissances adverses de mettre fin aux hostilités au plus vite. “Personne en Ukraine n’accepterait que Zelensky soit contraint de faire trop de concessions, notamment territoriales”, a expliqué un proche du dossier, au moment où Kyiv vient de lancer une contre-offensive dans la région de Kherson. Les Ukrainiens ne sont pas prêts à négocier, ils résistent et veulent repousser au maximum leur agresseur. » Il vous reste 66,37% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.