Le géant russe Gazprom a annoncé vendredi 2 septembre que le gazoduc Nord Stream, vital pour les livraisons vers l’Europe, serait “complètement” à l’arrêt jusqu’à ce qu’une turbine soit réparée, alors qu’il devait rouvrir samedi après une opération de maintenance. Dans un communiqué, Gazprom dit avoir découvert des “fuites d’huile” dans la turbine lors de cette opération de maintenance. “Jusqu’à la réparation (…), le transport de gaz naturel via Nord Stream a été complètement suspendu”, a indiqué le groupe. Lire aussi La Russie coupe encore les livraisons de gaz à la France La Russie devait reprendre samedi les livraisons de gaz naturel via le gazoduc Nord Stream, après une nouvelle pause de trois jours qui a mis à rude épreuve les nerfs des Européens, engagés dans une course contre la montre pour éviter une crise énergétique cet hiver. Vendredi, Gazprom a assuré avoir découvert ces problèmes techniques lors d’un audit technique réalisé avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine. Le groupe russe fait état de “fuites d’huile” dans “des câbles reliés à des compteurs de vitesse mono-rotor”. Sur Telegram, l’équipe a posté une photo montrant des fils entourés d’un liquide marron. Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait affirmé que le fonctionnement du gazoduc Nord Stream était “menacé” par un manque de pièces détachées en raison des sanctions visant Moscou pour son agression en Ukraine. Depuis le début de l’intervention militaire du Kremlin en Ukraine fin février, Moscou a drastiquement réduit les livraisons de gaz aux Européens en réponse aux sanctions occidentales massives. Les Européens, fortement dépendants du gaz russe, accusent le Kremlin de l’utiliser comme moyen de pression, ce que Moscou dément, provoquant des problèmes techniques causés par des sanctions ou des retards de paiement. Plus précisément, la Russie affirme que les sanctions empêchent le retour d’une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour réparation. L’Allemagne, où se trouve la turbine, s’assure plutôt que c’est Moscou qui empêche le retour de cette pièce maîtresse.
L’hiver arrive…
Depuis le début de l’intervention militaire du Kremlin en Ukraine fin février, la Russie a déjà coupé l’approvisionnement en gaz, via d’autres gazoducs, de plusieurs pays de l’UE, dont la Bulgarie et la Pologne. Et, en juillet, Gazprom avait déjà effectué dix jours de travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream, qui avait alors repris, mais avec de nouvelles réductions des livraisons. Lire aussiLa coalition allemande mise à l’épreuve par la flambée des prix du gaz Un responsable allemand avait qualifié la panne de cette semaine de “techniquement incompréhensible”, y voyant une manœuvre politique de la Russie. “Nous ne pouvons plus compter sur la Russie ou Gazprom” pour respecter leurs engagements de livraison de gaz, a réitéré cette semaine le ministre de l’Economie Robert Habeck. Il semble désormais que les craintes d’une interruption complète des livraisons russes à l’approche de l’hiver se confirment. Pour compenser les quantités manquantes, les Européens tentent de trouver d’autres fournisseurs et de réduire leur consommation dans un contexte de flambée des prix du gaz naturel sur les marchés et de spectre de récession. Une coupure complète du gaz russe pourrait réduire d’une unité la croissance française, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. En Allemagne, l’activité devrait se contracter au second semestre, plombée par les effets de la flambée des prix de l’énergie dans un secteur industriel dynamique. Dans la plus grande économie d’Europe, cependant, la menace de pénuries de gaz cet hiver semble s’éloigner. Le pays peine à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie, qui représentait encore 55% de ses importations de gaz naturel en février, et estime que ses efforts commencent à porter leurs fruits. Les projets d’installation de plusieurs terminaux flottants pour l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) ont pris un essor important : les deux premières unités seront mises en service cet hiver. Une diversification qui “permettra de passer l’hiver sans perturbations majeures”, selon le ministère de l’Economie. Le chancelier Olaf Scholz a estimé que l’Allemagne était désormais “en bien meilleure position” pour affronter les mois à venir. À VOIR AUSSI – Énergie : les réserves de gaz sont “pleines à 92 %”, selon Agnès Pannier-Runacher