Alors que l’adoption du projet de loi 7 fait craindre aux aînés d’expression française le risque de perdre l’accès aux soins en français, la prise en charge des cas de démence vue dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée fait son grand retour. Il est clair que l’accès aux soins de longue durée en français est un facteur de qualité et de sécurité pour les aînés d’expression française. Le principal danger est maintenant d’augmenter la démence chez les personnes atteintes si la communication ne se fait pas dans leur langue. Le transfert d’un patient francophone vulnérable vers un centre de soins anglophone aurait pour effet d’accentuer la perte cognitive. De nombreuses études le montrent : prodiguer des soins dans une langue qui n’est pas la sienne ouvre la voie à de nombreuses erreurs médicales. Pour de nombreux experts, c’est une question de vie ou de mort. Linda Cardinal, chercheuse en francophonie, a travaillé dans les services de santé mentale francophones. Selon elle, « une incompréhension des patients par les préposés ou les médecins peut conduire à des erreurs de diagnostic, comme le montrent les travaux du Dr. Prudhomme”. “Ce n’est pas une demande inacceptable de vouloir des soins dans sa langue”, souligne-t-il. Sean Keays, directeur général du Foyer Richelieu Welland. Fichiers ONFR+ Sean Keays, directeur général du Foyer Richelieu à Welland, révèle l’existence d’un corpus de 148 études sur l’impact du langage et de la qualité de vie dans l’adaptation à la démence. « Ces études, issues du portail McMaster sur le vieillissement optimal, montrent que chez les patients francophones – qui sont dans un foyer francophone – il y aurait moins de dépression que dans un foyer anglophone, même s’il offre de meilleurs soins », a-t-il ajouté. dit. le principe. Les personnes âgées dans un foyer sont intrinsèquement vulnérables. “Toute instabilité aggravera l’état d’une personne atteinte de démence”, assure Linda Cardinal, “ne pas avoir de service dans sa langue met la sécurité des patients en danger.”
Soulager la démence
Frank Knoefel, titulaire de la Chaire de recherche sur la démence en soins de santé primaires à l’Institut de recherche Bruyère et médecin à la Clinique de la mémoire de l’Hôpital Élisabeth-Bruyère, assure « qu’il est évident que pour bien soigner, il faut aborder la personne dans sa langue”. Pour comprendre les symptômes de la personne, mais aussi pour faire un examen physique, “il faut du langage, si je ne veux pas terrifier la personne”, précise l’expert. Frank Knoefel est chercheur en démence et médecin à la clinique de la mémoire de l’Hôpital Élisabeth-Bruyère. Courtoisie. “Je ferais mieux de lui expliquer pourquoi et comment je vais le faire.” Si je m’approche de quelqu’un pour le baigner, le toucher ou l’aider à se déshabiller, sans lui expliquer, il aura peur. » “Autrement qu’en prison, on n’attrape personne sans lui expliquer ce qu’on va faire”, ajoute-t-il. Pour l’expert, “une personne atteinte de démence oublie où elle est, même si c’est le même médecin qui la soigne depuis un mois, elle ne la reconnaîtra pas. C’est dramatique, parce que ça aggrave le stress et la situation.” La démence est une maladie irréversible. Les personnes âgées qui la développent voient presque toutes leur état cognitif se détériorer. Il semble donc que le seul moyen d’atténuer cette perte de référence, donc le dernier rempart ici, serait le langage.
Le retour à la langue maternelle
“La mémoire à long terme rebondit chez les personnes âgées”, explique Linda Cardinal. “On voit ça dans tous les pays. La langue maternelle est un aspect important de la santé, des problèmes de santé mentale à la maladie d’Alzheimer.” “C’est triste”, dit-il, “car dans la pandémie ces personnes ont été beaucoup touchées et les francophones ont peut-être été un peu délaissés”. Pour Frank Knoefel, il faut comprendre l’importance de sa langue maternelle. “Quand tu es né, tu ne comprends rien. Puis on apprend une première langue, petit à petit, on va apprendre une deuxième langue ou plus et ainsi de suite. Imaginez un oignon et ses rondelles, ses différentes couches.” Linda Cardinal est politologue et titulaire de la Chaire de recherche en politiques francophones et publiques à l’Université d’Ottawa. Fichiers ONFR+ “La démence, dissout l’oignon, enlève une couche après l’autre”, décrit le médecin. “Automatiquement, plus le déclin cognitif progresse, plus nous revenons à notre langue maternelle. » Les soins en français pour les personnes atteintes de démence sont donc plus importants. “Si nous sommes confrontés à une langue qui n’est pas la nôtre”, assure M. Knoefel, “le patient va devenir de plus en plus agité”. « L’agitation entraînera l’introduction de drogues et ces drogues affecteront la pensée, c’est un cycle. » Pour Sean Keays, “Ce n’est pas la faute des patients, ce n’est pas les hôpitaux qui bloquent les lits, c’est le système qui a fait échouer la médecine. » « En ce moment, dans le sud de l’Ontario, pour 1 000 personnes, il y a 5,85 lits de soins de longue durée, et pour les francophones, il y a 0,90 lit, soit moins d’un lit pour 1 000 patients francophones. » Il est donc compréhensible que le gouvernement de l’Ontario propose une solution, mais il est vraiment important de penser à la situation des personnes atteintes de démence, explique Sean Keays. Aux yeux des deux chercheurs, des études et des analyses montrent qu’il est question de sécurité et d’un plus grand risque de mortalité chez les francophones si l’aspect linguistique n’est pas respecté.